Il est temps de revenir sur des anecdotes qui montrent un certain décalage entre les valides et les handicapés
Dans une petite commune, en province, que je ne nommerais pas, une jolie petite place qui vient d’être refaite avec deux places de stationnements réservés aux personnes handicapées.
Ces places sont clairement identifiées, avec le panneau d’interdiction d’arrêt pour les valides. Elles se trouvent prés de la banque la plus accessible.
L’art de stationner 1/3
Un jour que j’étais garé sur l’une de ces places, dans le but d’aller quérir quelque argent liquide dans la dite banque, je me trouve confronté à un truc tout bête, le distributeur accessible est en panne, pour utiliser celui qui est dans les locaux de la banque, il faut franchir une grosse marche.
Je décide de sortir, laissant mon épouse faire le retrait à l’autre distributeur.
Je suis donc dehors à quelques tours de roues de mon véhicule quand soudain et tout à coup, une voiture vint stationner derrière la mienne, perpendiculairement aux places de stationnements.
Je m’insurge et demande au conducteur comment je peux sortir de ma place. S’ensuit le dialogue habituel :
— j’en ai pour deux minutes — certes mais, je désire partir maintenant, dois-je vous attendre « deux minutes » ? — vous n’êtes même pas dans votre voiture…
Deux petites poussées et me voilà à l’arrière de ma voiture, ouvrant le coffre pour y mettre mon fauteuil roulant
— Ah ben voilà, il profite de son handicap pour emmerder les gens…
Et l’automobiliste de partir, furieux de la leçon reçue.
L’art de stationner 2/3
Je renonce à monter dans mon véhicule, après tout il fait beau et je reste à proximité. Quand tout à coup et soudainement surgit un autre véhicule qui se met lui aussi à la perpendiculaire des places de stationnement. La vitre côté passager s’abaisse et la conductrice me demande si je vais partir. Je lui réponds que je ne sais pas et que de toute façon elle n’a pas à stationner ici.
— Mais je vous demande justement — Il n’y a pas de demande à faire, vous n’avez pas à vous garer ici, vous aller gêner la circulation — Je suis polie et vous demande si je vous dérange, je vais juste à la banque, j’en ai pour 2 minutes — Polie ou pas vous n’avez pas à stationner ici, même pour deux minutes — Et bien monsieur la prochaine fois vous irez vous faire foutre
Et elle démarre, furieuse.
L’art de stationner 3/3
Un autre jour et dans la même commune, je cherche à me garer sur l’une des deux places déjà décrites. Malheur, l’une d’entre elle est déjà occupé et l’autre est rendue inaccessible par un véhicule garé, je vous en fiche mon billet, perpendiculairement à la dite place. Le véhicule n’occupe donc pas la place réservée, mais interdit qu’on s’y glisse.
Je fais un tour de la place pour voir s’il n’y a pas une autre place. Manque de chance encore une fois, rien. Mais quand je retombe sur le véhicule mal garé, j’y vois la conductrice une vieille dame, bien portante qui ignore mes remontrances.
Tant dis que tente de la faire bouger, un véhicule utilitaire arrive derrière et son conducteur, pas content d’attendre, me hurle de laisser tomber. Ce à quoi je lui réponds que cette dame est mal garée et que j’aimerai accéder à cette place, plus quelques insultes pour faire bonne mesure.
Énervé, mon nouvel ami sort de son utilitaire et me demande si j’ai un problème avec ma vie. Je sors alors de mon véhicule et lui dis que oui, j’ai un problème avec ma vie, il me manque une jambe.
Il remonte dans son véhicule, pas content.
Il est immatriculé en Seine-et-Marne et le je traite de parisien…
Il resort de son véhicule et m’envoie une bordée d’insultes dans un patois plus du sud que de la région où nous sommes.
Sur ces entre-faits la vielle dame est remonté dans sa voiture et file vers de nouvelles aventures. Je m’engouffre alors dans la place tant attendue et mon ami enclenche la première, part comme une bombe avec un nuage de fumée noire de diesel mal entretenue.
Bonus
Je laisse de côté les véhicules garés à cheval sur une place « simple » et une place handicapé, on en finirait pas.
Conclusion
Par pitié ami•es automobilistes, ne pensez pas que ces places réservées le sont pour vous emmerder. Elles le sont parce que les personnes handicapées en ont besoin. Que leur handicap soit visible ou non.1
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je vous rappel que 80% des handicaps sont invisibles ↩︎